01.06.2011

Nunci

Un moine minitieux
Dirk Hoet qualifie de « vie monacale » les quatre jours de la semaine qu’il consacre sans réserve à ses vins et à son domaine « Mas de les Pereres ». Comme le faisaient les moines de la Chartreuse originaire du sud de la France qui fondèrent la viticulture du Priorat au 12ème siècle. Il se décrit lui-même comme un perfectionniste maniaque. Ses week-ends, il les passe chez lui, à Bruxelles, où il fait le plein de vie sociale et intellectuelle, comme il dit. Dirk Hoet a grandi sur un domaine près de Turnhout et a fait des études de vétérinaire. Au milieu des années 80, il commence à presser divers cidres pour sa consommation personnelle. Ce n’est que dix ans plus tard, lorsqu’il participe à la vendange d’un domaine d’Ombrie qu’il prend la décision de diriger son propre domaine. Après de minutieuses recherches, il acquiert finalement en 1999 un domaine dans le Priorat. L’élaboration de sa chartreuse personnelle lui aura pris une décennie.

Dans le paysage isolé et montagneux du Priorat s’est installé un microcosme très particulier. L’acteur français, Gérard Depardieu, participe au projet, et le célèbre chanteur catalan Lluís Llach habite sur le domaine. Viennent s’ajouter également de jeunes vignerons de tous les continents. Au cœur de ce creuset si singulier, le vétérinaire flamand, Dirk Hoet polit ses assemblages minutieusement conçus. Autodidacte, il poursuit l’œuvre entamée par une poignée de viticulteurs engagés, qui décidèrent à la fin des années 80, de sauver le Priorat alors menacé de disparition. C’est ainsi que Dirk Hoet se consacre tout autant aux vieux cépages autochtones tels que le Macabeo, le Pedro Ximénez, le Cariñena et le Garnacha, qu’aux cépages internationaux tels que la Roussanne, le Cabernet Franc ou la Syrah. Avec le recul de ses 53 ans, il se moque bien qu’on puisse le classer dans les « modernistes ». « Il y a bien des façons de mettre en bouteille le caractère d’un terroir très spécial », explique-t-il. Et chacun de ses vins prouve qu’il a bien raison.

Un paysage montagneux archaïque
Au premier coup d’œil, on ne s’attend pas à trouver des vignes dans le Priorat mais plutôt des moutons et des chèvres. L’impression est pourtant bien trompeuse. Les vignes ne sont pas à plus de 500 mètres d’altitude. Le climat est soumis tout autant aux influences méditerranéennes que continentales. Mais pour faire la grande renommée des vins du Priorat, deux facteurs sont décisifs. D’abord, le sol, très particulier, pauvre et fait de petites feuilles d’ardoise qui confère aux vins son caractère très minéral. Ensuite, les 500 hectares de vieilles vignes de cépages tels que le Macabeo, le Garnacha Blanca, le Pedro Ximénez, ainsi que le Garnacha et le Cariñena, en partie issus de l’époque antérieure à l’attaque du phylloxéra.

Un décor de film
Voilà à quoi ressemble tout bonnement la petite ville de Falset. Des pickups couverts de poussière sont garés devant le bar de l’Hostal Sport. Installés aux tables dans la rue, des assistants winemakers australiens et américains aux dreadlocks et tatouages attendent leur bière du soir en compagnie de plus chics conseillers œnologiques de Montpellier ou Bordeaux. Le renouveau de cette scène vitivinicole revigore toute la région : les rues, les bars, les restaurants et les hôtels poussent comme des champignons du jour au lendemain. Le paysage montagneux enveloppe la petite ville florissante de son immense amphithéâtre, lui offrant ainsi un décor spectaculaire. Falset est le point de départ idéal pour visiter les domaines viticoles voisins.